- SATRAPE
- SATRAPESATRAPEEn vieux perse: khshathrapav (protecteur du royaume), titre des gouverneurs provinciaux de l’empire perse achéménide. Cyrus II, le premier, divisa l’empire en satrapies, et Darius II paracheva son œuvre centralisatrice en créant vingt de ces provinces et en fixant leur tribut annuel.Les satrapes, nommés par le roi, appartenaient soit à la famille royale, soit à la noblesse perse, et la durée de leur charge n’était pas limitée. Dans les limites de leur province, ils levaient des impôts et représentaient l’autorité judiciaire suprême; responsables de la sécurité intérieure, ils enrôlaient et entretenaient leur propre armée. Pour éviter tout risque d’abus de pouvoir, Darius institua un système de contrôle: les hauts fonctionnaires de la satrapie et le commandant des troupes de garnison stationnées dans la province étaient directement responsables devant le roi, et des inspections périodiques étaient effectuées par des fonctionnaires royaux, en particulier par ceux qu’on appelait «œil et oreille du roi». Cependant, avec l’affaiblissement de l’autorité centrale au cours de la seconde moitié du \SATRAPE Ve siècle, les satrapes devinrent pratiquement indépendants. Le système administratif des satrapies fut conservé par Alexandre le Grand et ses successeurs.• XIIIe; lat. satrapes, mot gr. empr. au perse1 ♦ Hist. anc. Gouverneur d'une province, dans l'Empire perse, depuis Cyrus jusqu'à l'ère chrétienne.2 ♦ (1389) Fig. et littér. Homme puissant et despotique. — Personne qui mène grand train. — Adj. SATRAPIQUE .⇒SATRAPE, subst. masc.A. — HIST. ANC. [Dans l'Empire perse de Cyrus jusqu'à l'ère chrétienne] Gouverneur de province qui disposait d'un pouvoir administratif et judiciaire très étendu et qui levait les impôts. L'énorme empire médo-persique devint une sorte de monarchie fédérale dont les éléments, sous la direction des satrapes, gardaient leurs mœurs et leurs lois (FAURE, Hist. art, 1909, p. 65).— P. anal., péj. Gouverneur de province, ministre. Je ne voyais en lui [Necker] que le satrape d'un despote; et le seul bien à mes yeux qu'il pût faire au peuple, c'était de le fouler un peu moins (MARAT, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 77).— Loc. adj. De satrape. Qui rappelle certains caractères du satrape (opulence, richesse). Festin, fortune, luxe, vie de satrape. Les Carthaginois (...) s'étaient établis au pied des murs, avec leurs bagages, leurs valets, tout leur train de satrapes; et ils se réjouissaient sous leurs belles tentes à bordures de perles (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 112).B. — P. anal. Personne ayant certains caractères propres au satrape (faste, goût du plaisir, et, plus cour., autorité et exercice despotique du pouvoir). Que voulez-vous, monsieur? J'ai peur, non des cuistres, mais des satrapes de la littérature (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1810, p. 834). Il n'y aura pas d'irréparable. Ou vous me garderez, ou, si vous me rejetez — car il faut compter avec le bon plaisir du satrape, — vous reviendrez à moi (MONTHERL., Celles qu'on prend, 1950, III, 21, p. 819).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. XIVe s. « gouverneur d'une province chez les Perses » (BRUNET LATIN, Trésor, Interpolations, éd. P. Chabaille, 625); 2. 1389 « homme puissant et riche » (JEAN LE PETIT, Livre du ch. d'or, 151, Le Verdier ds GDF. Compl.); 3. 1810 fig. « homme orgueilleux qui tend à exercer une autorité exclusive dans un domaine quelconque » (COURIER, loc. cit.). Empr. au lat. satrapes « gouverneur de province chez les Perses », gr.
« id. », du persan khshatrapâ « officier du roi ». Fréq. abs. littér.:42.
satrape [satʀap] n. m.ÉTYM. V. 1265; lat. satrapes, grec satrapês, mot emprunté à l'anc. perse.❖1 Hist. anc. Gouverneur d'une province, dans l'empire perse (depuis Cyrus et jusqu'à l'ère chrétienne), sorte de vice-roi qui exerçait l'autorité civile et judiciaire et administrait les finances.2 (1389). Fig. et littér. Homme puissant et despotique. — Personne riche qui mène grand train (→ Fashionable, cit. 3, Gautier).0 (…) quelle affluence extraordinaire aux abords, dans la prairie ! Ce doit être quelque grand personnage, voyageant avec un train de satrape : six carrosses (…) au moins cinquante chevaux, des tentes magnifiques (…)Loti, Vers Ispahan, p. 253.❖DÉR. Satrapique. — V. Satrapie.
Encyclopédie Universelle. 2012.